ALEXANDRE CAPAN


  • Peinture
  • Titre : Peinture
  • Numéro d'édition :
  • Dimensions : 50 x 100 cm
  • Année : 2013
  • Technique : Huile sur toile
  • Biographie

    ALEXANDRE CAPLAN

    Né en 1975. Vit et travaille à Nice.

    Esprit curieux, Alexandre Capan s’intéresse à différentes formes de création, plastiques, littéraires, musicales, en lien avec les états limites du comportement humain. Il évolue sur un chemin non balisé choisissant une pratique artistique souvent aléatoire, nourrie de découvertes inattendues.

    Son approche empirique de la création est faite de correspondances, d'associations, d'analogies, entre les objets, les images et leur perception. Attentif aux détails qui révèlent une ouverture vers une autre compréhension de la réalité, il s’intéresse avant tout aux différentes possibilités d’interprétation d’une situation.

    Les séries d’œuvres qui en résultent oscillent sans cesse à la limite de l'intelligible entre apparition et disparition, fragmentations et recompositions. Depuis quelques années son travail se concentre sur une recherche qui met en avant les notions de lenteur et d’imperceptibilité.

     

    Influencé aussi bien par le monde de Philip K Dick, les cut-ups de William S Burroughs, le travail de Marcel Duchamp ou les films de David Lynch, Alexandre Capan évolue sur un chemin aléatoire fait de jonctions et de va et viens entre les objets, la nature et les images. La base de son travail pourrait être définie comme un jeu sans cesse renouvelé allant d'expérimentations boiteuses en découvertes hasardeuses.

    Eloge de la lenteur
    Capan emploie diverses techniques, mais, dit-il, « je suis avant tout un peintre qui utilise de la peinture sur des toiles. Si je fais appel à d’autres techniques, essentiellement la photo, le dessin et la vidéo, toutes me ramènent immanquablement à la peinture ». Un premier travail consiste à reproduire des photos sur toile à la peinture acrylique. Il utilise un pinceau à un poil qui lui permet d’accumuler de minuscules points noirs pour donner forme à l’image. A l’arrivée, on n’a pas l’impression qu’il s’agit d’une peinture, mais d’un tirage photographique avec du grain. Ce n’est qu’en s’approchant et en regardant avec soin qu’on peut discerner qu’il s’agit d’une peinture. L’équivoque est entretenue par l’emploi exclusif du noir et blanc, qui renforce le côté énigmatique des images. Quant aux formes, elles peuvent évoluer du figuratif à l’abstrait. Capan s’amuse d’ailleurs à égarer le regard du spectateur en zoomant sur des parties de l’image/modèle dont il reproduit un détail qui, sans la vue d’ensemble, n’est pas identifiable avec précision ou peut donner lieu à interprétation, et donc, à des sens différents : des feuilles avec leurs nervures peuvent se mettre à ressembler à des minéraux ou à un drapé qui à leur tour peuvent évoquer un végétal.
    Viennent ensuite les dessins. Ils sont exécutés au feutre selon la même technique pointilliste. L’image prend alors une texture duveteuse. Elle a l’air de flotter dans un rêve ou d’évoquer un mirage.


    Ce travail minutieux suppose une grande concentration et un geste d’une extrême précision. On imagine que Capan affectionne la lenteur, même s’il fait remarquer qu’il a acquis une virtuosité telle qu’il peut aligner les points à une vitesse assez grande. Le grain de ses toiles ou la texture flottante de ses dessins font songer à des images au ralenti comme on peut en voir au cinéma. Le cours du temps n’est pas aboli, arrêté, mais semble changer de rythme. La réalité devient indécise. Elle est prise aux pièges de l’incertitude et donc, de la polysémie.
    Capan propose aussi des photos réalisées à partir de négatifs papier tirées en argentique. En noir et blanc, de petit format, elles représentent des sous-bois. Le jeu des ombres et des lumières dissout parfois les formes qu’on discerne mal. Il en résulte un climat d’étrangeté. Une aura fantomatique plane sur ces paysages qui semblent surgis d’un rêve ou d’une légende « gothique ». Le grain des tirages fait écho à la technique pointilliste utilisée pour les toiles et les dessins.
    Une autre série de photos en couleurs, cette fois, travaille le flou. On y distingue des nébulosités, des formes cotonneuses non identifiables avec certitude. Ces photos sont conservées telles quelles ou reproduites sur toile à la peinture à l’huile. On pense à des ciels, des nuages, mais rien de précis, ça pourrait être tout aussi bien des voiles ou de la brume.
    Pour sa vidéo « Moires » (2012), Capan a filmé pendant vingt minutes un mur sur lequel sont projetées des ombres de feuillages bruissant dans le vent. Cela ondule, remue. Parfois, on peut distinguer les feuillages, mais à d’autres moments, cela se dérobe, devient hypnotique. Jouant sur la perception que l’on peut avoir du temps qui passe, Capan restitue une certaine réalité qui, insensiblement, fait glisser le spectateur vers l’inconnu, au plus obscur de lui-même, vers des profondeurs ou des régions secrètes que la conscience rationnelle lui dérobe.